Promotion de systèmes de conservation des sols
Itaipu Binacional ne souhaite pas s'opposer aux productions agricoles, qui sont très intensives dans la région. La démarche retenue est d'accompagner les agriculteurs vers des systèmes de production plus durables, en suscitant l'innovation pour allier des rendements élevés à une réduction des rejets de polluants et une conservation des sols. L'objectif pour Itaipu Binacional est de limiter les apports en phosphore et en sédiments dans la retenue du barrage d'Itaipu.
Le programme Cultivando Água Boa a financé la réalisation de banquettes anti-érosives dans les exploitations familiales et a apporté un soutien technique à l'ensemble des producteurs dans ce domaine. L'ensemble du bassin du Paraná 3 est aujourd'hui couvert de banquettes anti-érosives. Les cultures sont par ailleurs systématiquement implantées en suivant les courbes de niveau (contouring).
Jusqu'aux années 1990, le labour provoquait une érosion massive avec des valeurs atteignant 50 t/an/ha (source : entretien avec Glaucio Roloff, agronome à l'UNILA – Universidade Federal da Integração Latino-Americana).
Dans les années 1990, le semis direct s'est largement diffusé dans la région pour économiser le travail, les machines agricoles et les carburants. Ce système a réduit fortement l'érosion des sols. Il se résume cependant le plus souvent à du non-labour, sans raisonnement des couverts végétaux en période hivernale, ni de rotation des cultures et un usage important d'herbicides.
Depuis 2005, dans le cadre du programme Cultivando Água Boa, les agriculteurs bénéficient d'un soutien technique pour développer des systèmes de semis direct plus durables.
Une association d'agriculture de conservation, la FEBRAPDP (Federação Brasileira de Plantio Direto na Palha) est mandatée pour accompagner des agriculteurs dans la recherche de systèmes de production réduisant l'érosion des sols et améliorant la performance économique des exploitations.
Le projet a débuté en 2005, il est construit sur une démarche participative à laquelle sont associés les agriculteurs lors de réunions et de visites de terrain. 80 exploitants testent aujourd'hui la méthode sur 1 800 ha.
La FEBRAPDP apporte des connaissances agronomiques et contribue à la valorisation des expériences acquises par les agriculteurs du secteur.
L'association et les agriculteurs locaux ont conçu ensemble un système d'auto-évaluation de la durabilité du système de semis direct. Il est fondé sur une analyse multicritère n'exigeant ni mesures coûteuses, ni ingénierie extérieure, mais sur l'observation et le savoir faire des producteurs. Les critères concernent la couverture des sols, la fertilisation organique, les rotations (par exemple une culture de blé, d'avoine ou de graminées en hiver, suivie de soja et de maïs en été), la réduction des doses d'herbicides et le non travail du sol. Les agriculteurs peuvent évaluer la performance de leur système par un comptage des vers de terre (cf. photo), attestant de la bonne qualité biologique des sols.
Outre son intérêt technique et environnemental, cette démarche vise à rendre les agriculteurs plus autonomes dans le raisonnement de leurs pratiques. En effet, les fournisseurs de pesticides ou de semences sont souvent les seuls conseillers des agriculteurs, alors qu'ils sont économiquement intéressés par les choix opérés.