Grain 2 : Les utilisations de l'eau et leurs gestions

3C. Les enjeux économiques et environnementaux

Un enjeu central résume tous les autres, celui de la maîtrise la demande pour contribuer à un usage raisonné de la ressource. Tous les auteurs notent que les régions qui connaissent une sécheresse chronique sont aussi celles où l'irrigation agricole à partir d'eaux superficielles est la plus développée. Par ailleurs, la Directive Cadre sur l'Eau d'octobre 2000 (voir grain 3) demande d'intégrer la protection et la gestion de l'eau dans les politiques communautaires.

Le dispositif des redevances

Les agriculteurs paient des redevances pour les prélèvements opérés, s'ils sont irrigants, d'une part, et pour les rejets opérés d'autre part lorsqu'ils sont éleveurs, des redevances pour pollution de l'eau par les activités d'élevage, et quand ils utilisent des produits phytosanitaires, des redevances pour pollutions diffuses.

La loi sur l'eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006 modifie le dispositif des redevances perçues par les agences de l'eau en application du principe de prévention et du principe de réparation des dommages à l'environnement.

Les redevances prélèvement, dont il est question ici, reposent sur l'assiette (le volume prélevé dans l'année mesuré par compteur) et le taux.

Dans l'Agence Seine Normandie, les taux varient selon :

  • le type d'irrigation

    • gravitaire

    • ou non

  • le type de masse d'eau dans laquelle s'effectue le prélèvement

    • masses d'eau sans déséquilibre chronique entre les ressources disponibles et les usages de l'eau : catégorie 1

    • masses d'eau en déséquilibre chronique, classées en Zone de Répartition des Eaux : catégorie 2

Le comptage des eaux prélevées est donc un élément essentiel de la mise en œuvre d'une gestion raisonnée et équitable de la ressource. Les lois sur l'eau de 1992 et 2006 exigent que les forages et captages autorisés soient équipés de compteurs d'eau pour mesurer les volumes prélevés, la déclaration est obligatoire au-delà d'un prélèvement de plus de 8 m3/h. Cela doit permettre d'une part de fixer le montant des redevances pour prélèvements dues à l'Agence de l'Eau, d'autre part de contribuer à une gestion raisonnée de la ressource en eau.

ExempleExemple pour 2012 : les taux appliqués par l'Agence de l'Eau Seine Normandie (AESN) en centimes d'euros par m3 prélevé

Doc. 12 - Taux de redevance prélèvement irrigation appliqués par l'Agence de l'Eau Seine Normandie pour l'année 2011InformationsInformations[1]

Les barrages et les retenues collinaires

La construction de grands barrages n'est plus envisageable dans un contexte de protection des milieux et de sensibilité environnementale globalement partagée par les élus et l'opinion publique. Ainsi, le barrage envisagé en amont du bassin de la Garonne à Charlas a été abandonné à la suite d'un débat public virulent en 2003.

Pour avoir de l'eau à disposition en période sèche, le recours à des réservoirs locaux est une solution pour les irrigants : les retenues collinaires. Le principe est que la retenue se remplit lors des saisons pluvieuses, puis l'eau est utilisée pour les besoins de l'irrigation des cultures en saison estivale. Les opposants à ces dispositifs estiment que les retenues perturbent les rythmes des écoulements voire assèchent les cours d'eau (cf. manifestations récentes en Charente et Charente-Maritime ; recours auprès des préfectures contre les « bassines »).

Exemple

Dans la vallée de la Boutonne en Poitou-Charentes, les associations syndicales regroupent 112 irrigants sur 200. Depuis 2005, elles portent un projet de réalisation de 25 réserves, pour constituer une réserve de 6 millions de m3, et ne prélever que 4 millions de m3. Or, le volume prélevable fixé par la commission locale de l'eau du SAGE Boutonne (gestion intégrée de la ressource par bassin-versant) consacrerait 3,5 millions de mètres cubes à l'irrigation (source : journal Sud-Ouest, mars 2011). Il reste à déterminer – et c'est un débat – si les eaux stockées dans les retenues sont considérées ou non comme des prélèvements, c'est-à-dire une soustraction d'eau au milieu.

Les économies d'eau

Des techniques d'irrigation économes en eau et efficaces pour la croissance des plantes existent ; elles concernent en particulier les cultures horticoles et arboricoles (goutte-à-goutte, réseaux enterrés). Elles ont également un coût financier élevé, demandent plus de main d'oeuvre. Des irrigants organisent aussi des tours d'eau (irrigation à tour de rôle), voire planifient l'assolement collectivement ; la modification des pratiques et des types de cultures (remplacement de cultures gourmandes en eau, cultures adaptées aux conditions climatiques naturelles. Par ailleurs, des expériences se développent autour de l'utilisation des eaux usées traitées pour l'arrosage d'espaces agricoles (ou pour les greens de golf) (Côte basque, littoral sud-breton..).

  1. Source : AESN (Agence de l'Eau Seine Normandie, site Internet, donnée publique)

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